mercredi 11 novembre 2020

50 ans de Gaullisme !


De mes formations à mon accomplissement, les paradoxes s'enchevêtrent en accumulant les incertitudes. 

A ma naissance en 1942, au nazisme, la collaboration, le marché noir, la lâcheté, la shoah, répondait la résistance et la clairvoyance de quelques patriotes et le générale de Gaulle fut le pivot de mon éducation. 

Mon  père était pétainiste, anti sémique et détestait de Gaulle. Si dans l'enfance je ne le mettais pas en doute, depuis l'adolescence je n'ai plus jamais compris ses positions et je m'y suis opposées.

Paradoxalement ce fut ce qui me permit d'accéder à l'indépendance intellectuelle et à l'esprit critique, voire provocateur. 

 Je suis entré en résistance dans mon milieu familial en adhérant à un humanisme social sans tomber dans le piège idéologique dit de gauche. Je me suis aussi toujours démarqué d'un esprit de classe d'une droite bourgeoise trop conservatrice. C'est dans ce sens que le gaullisme avec ses avancées sociales et ses fondements étatiques est devenu à l'âge adulte ma référence idéologique. 

Des tensions politiques de mon entourage je me suis émancipé pendant mon service militaire confronté à toutes les classes sociales. Mais cette indépendance est exigeante car je me trompe encore très souvent dans mes appréciations.  

Ma curiosité pour comprendre les contradictions de l'Histoire et de ses drames inqualifiables et impardonnables forgea ma citoyenneté. 

Je suis un enfant de la guerre et d'après guerre forgé par la découverte des atrocités et de la conscience du risque totalitaire. 

J'ai horreur de la gauche et de la droite figées dans leur conservatisme. Leurs partis et leurs syndicats ne savent plus rien inventer pour répondre aux défis. 



Charles de Gaulle et mon père furent des repères antagonistes de ma faiblesse car j'ai toujours perçu que mes semblables sont comme moi dans l'impossibilité d'assumer toutes les possibilités de la vie. 

Être pris entre ces deux forces contraires dès l'enfance sur les sentiers embrouillés des vérités développa ma curiosité inassouvie de ressentir le songe du réel.

Ho ! Quelle fanfaronnade prétentieuse ! 

"Le songe du réel", c'est l'hommage de Joseph Kessel à Maurice Genevoix : "son œuvre exprime , jusque dans ses aspects les plus réalistes, la force de l'intuition et le pouvoir du spirituel." dit-il... Hé oui ! je l'avoue, l'intuition et le spirituel sont mon songe du réel... 

 Mon engagement à transmettre mes savoir-faire vient de là ; ma passion à communiquer un sens du bonheur, non pas d'exister mais de vivre, puise ses racines dans ces tumultes. Retrouver les racines judéo-chrétiennes de notre civilisation occidentale fut mon fil rouge. Alors que la philosophie est par essence profane, la science biblique ouvre la porte au spirituel.

-Maurice Genevoix-


Aujourd'hui, 11 novembre 2020, Maurice Genevoix entre au Panthéon, il y a 100 ans un poilus inconnu, sous l'Arc de Triomphe,  est devenu le symbole de tous les soldats morts pour la France, depuis un demi siècle le général de Gaulle repose en terre aux côtés de "Tante Yvonne" et d'Anne leur enfant trisomique 21.



-Charles de Gaulle et sa fille Anne, photo de Mme Yvonne de Gaulle-

Et moi, tout simplement je sorts de ma bibliothèque "Les Eparges", le volume le plus accompli, "la seule promesse de victoire possible contre la mort, contre le chaos". Car dans son récit de guerre, Genevoix, écrivant au présent, atteint l'unité que ses terribles songes du réel, vécus dans les tranchées, essaient sans cesse de lui barrer l'accès à son  bonheur d'écrire dans une histoire de terres, clef de voute de toute vie. 

Maurice Genevoix était nu, comme tous les poilus, à l'épreuve des balles et des grenades pourries de sang mais dans les tranchées de 14-18 il éprouva à quel point la simplification effroyable d'un homme à n'être plus que lui-même pouvait anéantir ses valeurs. Son livre est glaçant d'humanité et à lire et relire pour comprendre les horribles tendances mortifères des temps présents.

-Illustration réalisée par André Dunoyer de Segonzac pour "Les Eparges"-
-éditions Rombaldi  (1969) page 208-209-


La Shoah allait m'obséder comme l'absurdité des temps de ma petite enfance. J'ai grandi avec cette conscience aiguë de la monstruosité des possibles. Le XX° siècle fut en effet celui des génocides, l'apogée des idéologies criminelles et des dictateurs sanguinaires. Conscient mais impuissant face à cette violence inouïe, tel fut mon initiation de citoyen. 

Chers lecteurs, vous allez me dire que tout ceci est un méli-mélo où la raison ne peut retrouver ses petits. Peut-être ? Mais c'est du ressenti !

La personnalité de chacun se construit à partir de son hérédité, de sa famille, de ses rencontres, de sa sensibilité et de sa faculté de résistance pour devenir responsable d'elle-même. J'ai grandi dans une période tourmentée, héritière d'une histoire sombre, avec l'affrontement des contraires sociaux, idéologiques, spirituels. Il était donc important de trouver une référence. La mienne est le générale de Gaulle et son temps. 

Curieusement je ne me suis pas engagé dans les partis politiques issus du gaullisme car ils ont été dévoyés par l'ambition personnelle de leurs petits chefs successifs pour lesquels je n'ai aucune estime. 

Seul Charles de Gaulle est la grande figure politique française du XX° siècle.





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