samedi 30 mars 2019

LA CRISE ET SES MOTS CLEFS

La crise des gilets jaunes avec ses 20 samedis de troubles à l'ordre public fait éclater quelques pétards dans nos jambes de citoyens. Ces pétards sont les mots clefs de la situation et ils risquent de nous rendre sourds et donc hermétiques ou inaptes au discernement.



Rouen, près de laquelle j'habite, est une des villes les plus touchées avec des millions d'euros de dégâts perpétués par des minus, des casseurs extrêmement violents, et nous pouvons donc nous interroger :
  • Sommes-nous dans une phase révolutionnaire ? 
  • Sommes-nous au bord d'une guerre civile ?
LES GRANDES ÉMEUTES DE NOTRE HISTOIRE

D'abord, dans notre histoire, ce fut toujours une goutte d'eau qui fit déborder le vase. Rappelons-nous des principaux coups de sang du peuple et de son ras-le-bol révélant sa "fièvre fraternitaire" en 1648,1789, 1830, 1848,1871,1934, 1968 et 2018.
Ces simples dates historiques montrent que la Nation a toujours été secouée par des crises violentes mais qu'elle a aussi trouvé les ressources en elle-même pour s'en sortir.
  • Le 26 août 1648, le petit peuple élève des barricades jusque sous les fenêtres d'Anne d'Autriche et du jeune Louis XIV, car elle vient de faire arrêter le doyen du Parlement, le très populaire Broussel, en qui les parisiens se reconnaissent car il vit très simplement près de la place de Grève. 
    -La Régente Anne d'Autriche avec ses enfants-
    La reine reproche au Parlement de contrecarrer son pouvoir. Malgré la libération de Broussel, la Cour doit s'enfuir en pleine nuit pour se réfugier au château de Saint-Germain-en-Laye. Il faudra quatre ans pour calmer les esprits.

  • Les 5 et 6 octobre 1789, c'est le début de la Révolution : "Le peuple en insurrection est inaccessible d'ordinaire au raisonnement" écrit Madame de Staël. On connaît la suite effroyable qui abreuve nos sillons d'un sang impur...2 000 000 de morts...
    -Les femmes marchant vers Versailles pour réclamer du pain au roi-

  • Le 25 juillet 1830, Charles X, réforme la loi électorale en excluant une partie importante de la bourgeoisie et supprimant la liberté de la presse. La réaction est immédiate, les Trois Glorieuses mettent à bas le régime : "Le régime légal est interrompu, celui de la force est commencé. L'obéissance cesse d'être un devoir", écrit de Rémusat. "Ce n'est pas une émeute, mais une révolution !", écrit Marmont à Charles X. Les troubles se répandent de quartiers en quartier au slogan  "A bas les Bourbons !".
    -La Liberté guidant le Peuple par Eugène Delacroix-
    Charles X doit abdiquer, et Talleyrand et Thiers poussent en avant le futur Louis-Philippe car l'hypothèse par La Fayette de la proclamation de la République fait long feu et ce sont la bourgeoisie et les libéraux qui récupèrent à leur profit la révolution.
  • Le 14 février 1848, une maladresse du gouvernement  allume la mèche de l'incendie. La simple proscription d'un banquet politique par le préfet de police cristallise l'exaspération de la bourgeoisie, classe dominante mais frustrée par un suffrage électoral restrictif qui la prive d'une bonne représentation à l'Assemblée Nationale. Il faut savoir que ces fameux banquets permettaient de contourner la loi d'interdiction de réunion. Parallèlement, l'émergence d'une conscience de classe ouvrière, forgée dans la misère d'une exploitation dans l'industrie naissante, développe "un vent de révolution est dans l'air", s'inquiète Tocqueville face à l'immobilisme du gouvernement. La crise économique de 1847 pèse donc lourdement quand le banquet est interdit. Place de la Madeleine, les étudiants issus de la bourgeoisie et les ouvriers fraternisent.
    -Barricade de la rue Soufflot par Horace Vernet-
    La Garde nationale tue un manifestant et l'émeute éclate dans les rues de Paris. Cinquante morts. On promène les cadavres des "martyrs" sur des charrettes à la lueur des torches, pour stimuler la détermination des révolutionnaires et des centaines de barricades s'érigent. Pour éviter un bain de sang, Louis-Philippe signe son abdication. Lamartine proclame  à l'hôtel de ville la République.

  • Le 18 mars 1871, Thiers veut récupérer les canons de la Commune à Montmartre. "Entre les factieux de l'hôtel de ville et les intolérants aveugles de l'Assemblée, La France gît, saignante, frappée au cœur. Si l'Histoire dit un jour que l'insurrection a poussé le pays dans l'abîme, elle ajoutera que le pouvoir régulier et légal a tout fait pour rendre sa chute mortelle", écrit Emile Zola. 



25000 morts, tel fut le terrible bilan de la Commune.



  • Le 6 février 1934, les ligues d’extrême droite marchent sur l'Assemblée Nationale.






  • L'Action Française, la Solidarité française, les Croix de feu, l'Union nationale des combattants, virulents mouvements de la droite extrémiste s'unissent contre Daladier, le chef du gouvernement radical : "le manteau des étouffeurs" recouvrant les couloirs de la Chambre et de la Bourse. "Les pourris radicaux", comme  la droite les appelait, sont évincés et c'est un homme de droite, Gaston Doumergue, qui est investi pour le pouvoir.

  • Je n'évoque pas mai 1968, car nous avons tous en mémoire les faits et les conséquences. J'en fus un très bref acteur, élu par un comité d'étudiants, à la Fac de la Salle Pétrière et quand j'en compris les illusions et que la violence des masses me fit peur, je suis rentré chez moi à Rouen. Seul Pompidou, avec les accords de Grenelle, nous sortit de la "Chienlit", expression significative du général de Gaulle.




Maintenant à la lumière de cette Histoire de nos pages révolutionnaires, je tente de dégager des axes d'analyses pour comprendre la crise actuelle. Je le fais en cherchant les mots clefs si souvent diffusés par les médias. Bien sûr dans cet article je n'aborde pas les conquêtes sociales car c'est un trop vaste sujet pour le cadre restreint de cette analyse. 


MON ANALYSE par le petit bout de mes lorgnettes :


1) Le populisme ne serait-il pas tout simplement ce qu'appelait Freud en 1930, le "malaise dans la civilisation"?  

La révolte des gilets jaunes, a été allumée par la taxe très maladroite sur les carburants. En s'auto-proclamant le peuple, les gilets jaunes, sur chaque rond-point, sont devenus des comités de salut publics qui n'ont pas su et pas voulu s'unir. 
Comme le carnaval "des Connards, fête populaire de Rouen au Moyen-âge",  la négation du pouvoir, avec cet uniforme jaune, symbole des accidentés de la route ou des éboueurs, poussent les pitres des réseaux sociaux, à saper toute délégation représentative avec un sentiment de toute puissance : tout le monde est chef, tout le monde est roi ! L'important c'est de participer au carnaval comme si celui-ci pouvait perdurer ! 

Ce carnaval n'est pas dans ma pensée une appellation méprisante pour qualifier les gilets jaunes. Elle signifie seulement l'absurdité de la non communication ou de la déconnexion entre ce mouvement montant des ronds-points et se perdant dans les nuées pour changer réellement une situation vécue.

En fait comme le disait Alain Peyrefitte dans "Le mal Français" en 1976, la France n'a jamais pu se débarrasser de son héritage absolutisme et du centralisme du pouvoir. Les révolutions ont toutes été un échec démocratique à ce niveau. D'où la tentation du populisme conduisant à l'irresponsabilité et surtout à une autre forme du totalitarisme. 

L'illusion de la démocratie directe avec les demandes contradictoires telles que l'instauration de référendums d'initiatives populaires, la non délégation représentative, la destitution de la V° République, l'instauration d'une proportionnelle intégrale pour les élections législatives ou constitutionnelles, et de multiples autres mesures économiques de types étatiques. Ce sont sans doute les expressions populistes du malaise de notre civilisation française.

2) La technocratie n'est-elle pas un fléau politique typiquement français ? 

La gestion de la Nation est au main de hauts fonctionnaires formés par l'ENA, C'est un fait ! C'est une castre coupée des réalités que subissent les petites gens qui n'arrivent pas dès le premier de chaque mois à bien vivre. La centralisation du pouvoir accentue d'avantage cette fracture sociale. Et pas la peine d'aller plus loin dans mon analyse car c'est une évidence admise par tous.

Emmanuel Macron avait promis de nous en libérer en moralisant la politique, en refaisant de la France un pays d'entrepreneurs, en décentralisant la gestion de l'espace public, en rationalisant les impôts. 
Tout cela demandait une délégation pédagogique des ministres qui devaient expliquer au français les réformes en cours. Quelques ministres remarquables comme ceux de l'Education Nationale, de la Santé, des Affaires étrangères,du Travail, des Comptes-Publics le font très bien. Et puis Il y a, comme contre-exemple désastreux,  Nicolas Hulot qui quitta le gouvernement sous le prétexte que la réforme écologique du système économique était trop lente. Cette honteuse trahison politique, d'un faux ami, est grave car comment dire, après ça, aux gilets jaunes que les choses doivent changer progressivement pour être efficaces ? 

Ces messages contradictoires d'irresponsables politiques vaniteux et des gilets jaunes pourraient rendre fou un Président de la République non lucide. 

Mais j'ai été sidéré,  par Emmanuel Macron, à l'occasion de ses débats. Il a rencontré, connaissant à fond tous les sujets abordés sans aucune notes.  une multitude de Français de tous bords, de toutes conditions, des élus comme de simples citoyens. 

Les grands absents de ces rendez-vous sont ceux qui en ont le plus besoin, les gilets jaunes ! De par leur propre volonté de ne pas dialoguer, ils se sont engagés dans une impasse dramatique. C'est absurde et ubuesque car en plus ils désignent le chef de l'Etat comme un bouc émissaire.

3) Le bouc émissaire est un phénomène bien connu depuis les travaux anthropologiques et philosophiques de René Girard qui publia en 1979  "Des Choses cachées depuis la fondation du monde"un livre de recherches avec Jean-Michel Oughourlian et Guy Lefort. Lecture difficile mais passionnante sur le mécanisme victimaire. Pour faire simple, tout ordre social est le fruit de la violence. "Donne-nous du pain et des réformes indispensables mais malheur à toi si tu oses toucher à nos privilèges !" 

Les Français face à leur Histoire et leurs révolutions aiment, comme le disait un de des prédécesseurs du président, choisir un roi pour lui couper la tête. Certains "guillotineurs" voudraient lui réserver le sort des tyrans. 

4) Mais Emmanuel Macron n'est pas Louis XVI ! 
Il serait plutôt un hybride de Henri IV et Philippe, duc d'Orléans, le Régent, précepteur de Louis XV, avec la réincarnation de leur charisme, intelligence, érudition, vision, liberté de penser et enfin leur activisme... Même ses adversaires les plus acharnés lui reconnaissent ces qualités. 

Emmanuel Macron n'a pas inventé toutes les injustices sociales, la richesse des plus riches, la pauvreté des plus pauvres... Il a hérité d'une crise très ancienne qui devait péter depuis des années comme un gros pétard dans un carnaval.  

On lui reproche de ne pas venir de la France d'en bas, de ne pas avoir connu la précarité, de ne pas écouter, d'être le Jupiter parce qu'il fit des études brillantes, qu'il acquit une compétence bancaire, qu'il sut gagner beaucoup d'argent... On prétend même qu'il n'aime pas le peuple ! 

Donc il est devenu le président des riches puisqu'il supprima l'ISF qui faisait fuir les capitaux vers l'étranger. 

Quelle bêtise que tout ce foutoir d'idées reçues !

5) La seule réalité est qu'il ne connut pas les mandats électifs comme maire, conseiller départemental, député, sénateur et il lui manque donc l'expérience du terroir. 
Son intelligence politique en est handicapée car il connut le sommet sans même escalader la montagne. Il y est arrivé magiquement en hélicoptère. 
Aujourd'hui, il a plongé dans le carnaval pour comprendre ce qui lui arrive. 

Que va-t-il proposer pour sortir de la crise ? En tout cas ce sera très long car il faut réformer nos schémas de penser, nos réflexes de classes, nos systèmes de représentation politique, notre solidarité sociale, notre fiscalité, notre justice, notre école, notre temps de travail, notre décentralisation... Bref ! le magicien Macron devra être plus fort qu'Harry Potter et je je connais pas sa baguette magique !

6) Ce carnaval va-t-il dégénéré en révolution ou en guerre civile ? 

La masse populaire croit en sa propre puissance, ses récupérateurs de tous poils, les faux rois, tendent vers le chaos. 

Macron a-t-il eut raison de croire qu'il fallait attendre le moment où la stagnation allait dégonfler le ballon des émeutiers? 

L'opposition entre la bourgeoisie, classe contente, et les rebelles, les misérables, va t'elle enfin nous ouvrir les yeux sur le réel ? 

7) Quelles sont les conditions de la justice et la paix sociales ?

Si je comprends les revendications des contestataires et approuve certaines de leurs aspirations, je crois qu'il faut reconnaître que le Président Macron ne peut pas faire de miracle et qu'à l'échelle mondiale, le peuple compte parmi "les défavorisés les mieux favorisés de tous les pays de notre planète".
Voici donc mes ressorts pour essayer de comprendre la situation et j'espère vraiment que le carnaval cesse pour revenir aux choses sérieuses : la formation de notre jeunesse pour répondre à la révolution technologique qui nous attend si on veut être autonome vis-à-vis des Etats-Unis et de la chine. 

Le problème n'est pas dans les inévitables inégalités mais dans les injustices sociales. On a vu avec le totalitarisme ce que donnait la politique égalitaire des pays de l'Est. 

La seule économie productrice de richesses est celle du libéralisme. Pour qu'une politique de justice sociale soit effective, il faut une économie dynamique pour pouvoir répartir les fruits du travail. C'est ça le vrai défis de notre société. 

Formation, compétence, technologie, travail sont les piliers de la paix sociale à condition que chacun reçoive sa part du gâteau.

Rassurez-vous chers lecteurs, je ne suis pas un homme politique et je n'essaie de convaincre personne car je sais que chacun de nous n'a qu'une petite fenêtre ouverte sur le monde et que ni vous, ni moi, possédons la vérité et ça m'apaise... Je ne suis pas certain d'avoir raison et le doute est un de mes moteurs pour avancer.



vendredi 22 mars 2019

INCROYABLE MAIS VRAI !

Un responsable du parti La France Insoumise appelle à manifester en masse demain samedi 23 mars !

C'est totalement irresponsable après toutes les dégradations subies par les centres-villes, les magasins pillés, détruits, le mobilier urbain saccagé, les voitures incendiées avec pour conséquences des dépôts de bilans de nombreuses entreprises et commerces accompagnés du licenciement de leurs personnels.
J'en sais quelque chose puisque Rouen, près de laquelle j'habite, est la troisième ville de France la plus touchée avec des millions d'euros de dégâts.

Ce provocateur révolutionnaire ose parler du peuple quand il s'agit de casseurs violents qui veulent tuer du flic, mettre à bas les institutions de la République.
Cet élu ose se s'auto-proclamer "La République et le peuple !"

La chienlit a assez duré et le peuple, le vrai, en a marre de la violence. En a marre de la casse. En a ras-le-bol et soutient massivement les forces de l'ordre, admire leur retenue et leur nerfs d'acier.

Le peuple, le vrai, demande qu'on arrête les hyper-violents, qu'on les juge, qu'on les punisse en les mettant hors d'état de nuire.

Les démunis, les pauvres qui se révoltaient en décembre sont les premières victimes de toute cette chienlit. Ils risquent de passer à la trappe de l'oubli. J'espère que justice leur sera tout de même rendue pour qu'ils vivent moins difficilement.

jeudi 21 mars 2019

RÉFLÉCHIR POUR L'AVENIR

Au moins le débat entre les chefs de partis politiques sur BFMTV m'aura fait cogiter.
Si je ne suis pas un homme politique, je me définis au moins comme un citoyen engagé et aujourd'hui je n'ai cessé de réfléchir en me posant des questions :
  1. Qu'avons-nous en France comme bien communs en tant que citoyens ?
  2. Quelle solidarité sociales voulons-nous ?
  3. Comment sauvegarder et améliorer notre environment ?
  4. Comment voulons-nous être représentés politiquement ?
  5. Quelles valeurs républicaines voulons-nous défendre ?
  6. Comment vivre harmonieusement nos différences ?
  7. Quels sont face à nos droits nos devoirs ?
  8. Comment nous protéger contre des idéologies violentes ?
  9. Comment inculquer l'amour et la fierté de la citoyenneté française à nos enfants?
  10. Comment progresser vers une Europe solide, solidaire, respectueuse des singularités nationales et capable de se défendre ?
Ne pas raisonner à partir de convictions pré-établies me semble de plus en plus une nécessité même si cela ébranle nos pseudos-certitudes. 
Le doute est une condition intellectuelle fondamentale pour évoluer et accéder à plus de justice, d'avantage de dignité et à une émancipation citoyenne...
Si je me pose ces questions, c'est que des éléments de réponses m'habitent mais ils se heurtent à la complexité de la réalité qui relativise et qui invite à l'humilité.

LAMENTABLE ! :

Le débat organisé par la chaîne de télévision BFMTV sur la sortie de crise des gilets jaunes fut-il à la hauteur des enjeux ?

Mes doutes, mes craintes malheureusement furent dépassées et j'ai failli m'endormir car les chefs de partis politiques furent incapables d'apporter des réponses audibles aux problèmes sociaux, économiques, sécuritaires générés par cette crise d'écoute, de représentativité, de confiance, de justice qui ébranlent notre pays.

Ce fut une émission de télévision surréaliste dans ce sens car imaginons, un instant, qu'une élection à la proportionnelle intégrale mette au pouvoir ces personnalités avec la mission de réconcilier et d’apaiser les Français en favorisant l'essor économique, la justice sociale, la stabilité politique. Que se passerait-il donc ?

Oui, ce fut un débat pitoyable pour les perspectives qui nous attendent. Je suis bien incapable de dégager une seule idée positive susceptible de répondre à la crise actuelle de cette bouillie qui n'honore pas la démocratie. C'est inquiétant car les anti-républicains et les ultras de toutes sortes doivent se frotter les mains ce matin.

Je ne sais que penser du recours à l'armée pour assurer la sécurité des bâtiment publics même s'il s'avère nécessaire que les forces de l'ordre soient plus mobiles pour être efficaces contres les ultra-violents et les casseurs ?
Imaginons qu'un bâtiment public soit assailli par  des manifestants violents. Comment les militaires pourront-ils se défendre ? En tirant à balles réelles ? 
Donc je n'en parlerai pas dans ce billet d'humeur...

Mais il est tout de même révélateur que Jean-Luc Mélanchon assimile ces délinquants criminels au PEUPLE ! C'est stupéfiant ! Les casseurs, les extrémistes violents ne sont pas le peuple. Ils en sont la négation car ils ne peuvent s'exprimer que par la violence !

Un peuple de citoyens se parle et échange dans le respect des différences et vote pour se faire représenter.

J'essaie donc de faire une synthèse de ce que les chefs des partis politiques proposent pour sortir de la crise car mes lecteurs peuvent me demander des comptes mais cette synthèse n'engage que moi car je ne possède pas la vérité et que peut-être ai-je mal compris leurs points de vues ? 

Marine Le Pen, du Rassemblement National, propose d’alléger les impôts de 10% sur les trois premières tranches, d'instaurer une priorité aux entreprises françaises pour la commande de travaux publiques, la suppression de la directive Européenne sur les travailleurs détachés, le dégrèvement de la CSG sur 5 ans et enfin de dissoudre l'Assemblée Nationale et d'instaurer la proportionnelle intégrale.

Laurent Wauquiez, du Parti Républicain, est pour une baisse des impôts, la hausse du pouvoir d'achat, l'indexation des retraites sur l'inflation. Il refuse une hausse sur les taxes sur les carburants. Il prône aussi une aide sociale unique et une contre-partie en échange du RSA et enfin sur le plan sécuritaire, une peine plancher pour les agresseurs des forces de l'ordre et une interdiction des manifestation dans une ville si des risques de violences sont détectés par les services de renseignements.

François Bayrou, du Modem, propose de lutter contre l'évasion fiscale et avance l'idée de l'optimalisation fiscale. Il voudrait que la fermeture des écoles soient soumises aux élus locaux, instaurer une bourse aux jeunes médecins en contre-partie avec un engagement dans les zones de déserts médicaux. Il se dit favorable à la baisse du nombre de parlementaires, à la prise en compte du vote blanc et à une dose de 30% de proportionnelle, et enfin, au Référendum d'Initiative Partagée à partir d'un million de signatures.

Stanislas Guerini, de la République en Marche, se déclare pour la suppression de la taxe d'habitation, pour que l'Etat loue des voitures peu polluantes, pour un permis de conduire à 17 ans et pour un projet de loi d'Initiative Citoyenne.

Olivier Faure, du Parti Socialiste, propose l'instauration d'un impôt sur la fortune "vert", la rénovation des logements passoires énergétiques, la régulation de l'installation de médecins dans les déserts médicaux, une conférence sociale impliquant un capital républicain.

Jean-Luc Mélanchon, du Parti des Insoumis, veut plus d'Etat, propose l'augmentation des minimums sociaux, une retraite au niveau du SMIC, un impôt universel, 9 nouvelles tranches d'impôts, des services publics accessibles à tous en moins de 20 minutes, la rémunération des étudiants en médecine pour qu'ils remboursent l'Etat en travaillant ensuite dans les zones de déserts médicaux. Il serait favorable à une fonctionnarisation de la médecine et enfin il prône le Référendum d'Initiative Populaire du type gilet Jaune.

Je suis bien incapable de tirer de tout cela un axe d'action politique efficace pour mettre fin à la crise et ramener la paix civile. 

dimanche 17 mars 2019

QU'IL Y A-T-IL DE COMMUN ?

Entre un Gilet Jaune de décembre en difficulté financière dès le début de chaque mois et un casseur de l'avenue des Champs Elysée du mois de mars qu'il y a-t-il de commun ?

L'un retrouvait une fraternité sur un rond point, l'autre libère sa violence explosive. L'un manifestait pour une part d'espérance, l'autre détruit par plaisir. L'un demandait qu'on l'écoute et revendiquait la possibilité de vivre dignement, l'autre veut tuer du flic et détruire la République et ses symboles qu'il hait...

L'Arc de Triomphe vandalisé en est l'exemple et très certainement la révélation des noms des auteurs mettrait de l'huile sur le feu et déclencherait une guerre civile. Celle-ci a peut-être déjà commencé ?

Que reste-t-il des ronds points aujourd'hui ? 

Les prémices d'une guerre civile :

L'ultra violence qu'apporte-t-elle aux conditions de vie des défavorisés et quelles perspectives se dégagent des samedis qui s'enchaînent ?

Une seule chose me semble évidente : il n'y a plus rien de commun et de cohérent entre le manifestant d'un rond point et le délinquant dit casseur. Je pense que le casseur est totalement étranger à la cause des démunis même si parmi eux, quelques uns  ont dérivé vers la violence.

Incontestablement, il ya un processus évolutif de la violence semaine après semaine, et certains gilets jaunes délèguent en quelque sorte leur colère en ne s'opposant pas aux actes des casseurs ou des black blocs car ils estiment que c'est le seul moyen de se faire entendre. 
Je pense aussi que la politique de maintien de l'ordre du gouvernement manque de cohérence et cela me semble très grave au niveau des conséquences politiques voire sociales.
Je suis certain que la gendarmerie et les CRS alliées à la police ont les compétences, le matériel, et la stratégie pour rétablir la paix civile mais que plus le temps passe, plus leur tâche sera compliquée. En tout cas, je les soutiens totalement.

Samedi  16 mars, ce sont les extrémistes qui ne reconnaissent aucune autorité, aucune institution, aucune loi, aucune élite qui sont passés à l'acte. Ils veulent pousser à bout le pouvoir, les forces de l'ordre, les bourgeois, les représentants de tous les relais républicains pour que la guerre civile éclate et fasse le plus de morts possible pour justifier l'anarchie totalitaire qu'ils prétendent instaurer.

Ne soyons pas non plus naïfs ; ils ne sont pas seuls à vouloir le chaos en Occident, terre des mécréants. Des idéologies totalitaires sont aussi à l'oeuvre d'une façon plus sournoise mais tout autant dangereuses. Il y a une convergence pour le développement d'une guérillas et d'attentats terroristes qui n'est pas prête de finir et qui risque de s’amplifier.

Je suis outré que la Justice ne punisse pas ces ultra-violents connus des services de police. La Justice est-elle indépendante en France ? Ou est-elle aux mains d'une certaine ultra-gauche ? 

"Le mur des cons" des syndiqués de la magistrature me fait sérieusement douter de leur neutralité dans la Justice. En tout cas, celle-ci se discrédite aux yeux de beaucoup de Français.

Personnellement, je me suis engagé toutes les semaines, tant que mes forces physiques me le permettaient, dans le combat contre la pauvreté via les associations caritatives pendant une quinzaine d'années au sein de la Banque Alimentaire de Rouen et sa Région, de l'Association de Solidarité Montvillaise, partenaire du CCAS de Montville, de l'Association l'Autobus (Samu Social de Rouen) dont j'étais membre des Conseils d'administration, en étant aussi très impliqué sur le terrain. Je fus responsable pendant vingt ans des projets socio-professionnels dans un institut de rééducation pour jeunes-filles en difficulté familiale. Je connais donc de près les différentes causes et sortes de misères sociales, morales, psychologiques et c'est pourquoi j'ai compris immédiatement la révolte des Gilets jaunes comme une expression positive et justifiée, mais j'ai redouté rapidement aussi sa récupération démagogique par certaines mouvances politiques et idéologiques complètement irresponsables dont celle des extrémistes violents.

J'ai une de mes connaissances qui me dit que le seul moyen d'être entendu en France est de s'en prendre avec vigueur aux symboles de la puissance politique et économique ! 
Il va sans dire que je ne suis pas du tout d'accord et que pour moi, justifier la violence dans un pays démocratique est inadmissible et que cela devrait être poursuivi durement par la Justice.

Qu'attend-t-on pour arrêter et mettre en prison les meneurs, les manipulateurs et les délinquants de ces faits extrêmement graves ? 
C'est absolument absurde que les délinquants arrêtés, déférés devant la justice lors des manifestations des samedis successifs soient libérés par la Justice. Pourtant c'est une réalité ! Qu'attend-t-on donc , Nous ne sommes plus au stade du dialogue mais à celui de la nécessaire répression.

Les démocrates sont en état de légitime défense !

Est ce qu'un abbé Pierre et un Coluche se seraient solidarisés avec les casseurs ?
Cette simple question, je la laisse à la libre réflexion de mes lecteurs... (17 mars 2019)






vendredi 15 mars 2019

ENJEUX ET STRATÉGIE EN EUROPE

Les élections européennes approchent. 



Le Brexit et son scénario chaotique, le débat avec Marine Le Pen, à la télévision, sur l'Europe et l'immigration me font réfléchir.

Ce n'est pas la peine de vouloir convaincre les euro-septiques, les opposants de tous bords à l'Union Européenne car ils n'écoutent que leurs convictions et non pas une argumentation sur des réalités pourtant objectives. La réaction à mon dernier article d'un internaute me le confirme.

La question fondamentale est bien l'Europe ?

On est pour ou on est contre et c'est un débat vraiment au cœur de l'avenir qui agite les nations de notre continent avec des argumentations qui vont dans tous les sens et parfois un peu fantasmatiques.

L'Europe puissante n'existe pas encore ; c'est un fait.
Pourtant, les querelles entre populistes et progressistes sont bien dérisoires quand se joue l'indépendance économique, militaire, juridique de chacune des nations de l'Union européenne face aux grandes puissances d'aujourd'hui et de demain.

Identifier les enjeux stratégiques qui sont communs pour bien prendre conscience des défis de nos ambitions, se demander comment peser dans la transformation du monde sont sans doute les meilleures façons de se positionner en tant que citoyen ?

Je ne suis pas un homme politique, je n'ai jamais été candidat sur une liste électorale mais j'ai été et suis encore engagé dans le monde associatif et la politique m'intéresse donc car elle détermine notre devenir. 
Je ne développe dans cet article qu'une petite facette d'une argumentation avec Galileo, car c'est un des nombreux exemples de ce que nous apporte l' Union Européenne.


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L'autonomie stratégique avec le système Galileo procure à chaque nation européenne une totale indépendance de localisation qui n'aurait pas pu être élaborée sans l'Europe.


Ce système de positionnement civil par satellites est et sera utilisé dans les transports maritimes et terrestres, les opérations de secours et de sauvetages, les travaux publics, la prospection pétrolière, l'agriculture, l'automobile,le téléphone mobile totalement indépendant des systèmes américain et russe.


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C'est donc un véritable rapport de force qui permet d'être efficace dans le domaine spatial, tant sur le plan économique que militaire. C'est en effet l'Europe seule qui peut développer des capacités de cyberdéfense performantes et des stratégies de renseignements si nécessaires face aux ennemis de notre civilisation occidentale.


Oui, il faut agir pour renforcer notre indépendance en mettant en commun certaines de nos ressources. Nos cultures distinctes mais complémentaires peuvent être au service de projet concret si nous unissons nos génies créatifs.
Oui, c'est autour de nos atouts de recherches qu'il faut qu'en Europe s'organisent nos forces et nos pôles d'excellence.

Par cet exemple, c'est la demonstration concrète de mon argumentation pour mon engagement européen et je termine cet article par une approche très affective puisqu'elle est familiale. Je me permets de la publier car elle fait partie aussi de mes motivations européennes.


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J'ai un petit-fils qui s'engage avec succès dans la recherche biologique.  Il ne peut mener son projet ambitieux de recherches sur les cellules cancéreuses et les stratégies thérapeutiques qu'au sein d'un laboratoire de recherche scientifique à l'hôpital de Villejuif, financé en grande partie par l'Union européenne. Sinon, il faudrait qu'il migre vers les États Unis. Cet exemple, qui me touche de près, me conforte dans la certitude qu'il faut une Europe unie forte pour conserver nos meilleurs cerveaux : notre avenir en dépend.

samedi 9 mars 2019

L'EUROPE



Je refuse que notre nation cède au repli sur elle-même comme le souhaiteraient plusieurs courants idéologiques ou politiques. Il y en va de notre liberté, de notre solidarité sociale et donc du progrès comme le développement durable et comme une écologie réaliste dégagée de tout esprit partisan.

Je crois au bienfait d'un fédéralisme démocratique et social. Mais je pense aussi qu'il faut toujours partir des besoins d'un territoire avec des solutions pragmatiques avant tout.
Cela rejoint d'ailleurs mon opposition à la suppression des communes, des cantons, des conseils départementaux et du Sénat qui sont actuellement au plus proche de la population et qui connaissent le mieux la réalité du territoire. Peut-être que certains regroupements ou fusions de communes seraient-elles nécessaires ?
Par contre que le nombre des députés soit réduit ne me dérangerait pas car ils sont trop souvent enfermés dans leur idéologie et leur parti les empêchent de votés librement les lois.



Le grand débat est clôt au niveau des citoyens et je remarque que beaucoup de mes idées "ressenties" sont au niveau statistique partagées par des français de tous bords, de toutes sensibilités. J'espère avoir simplement exprimé un certain bon sens sans prétention.

Le clivage entre la gauche et la droite traditionnelles n'a plus de sens car les électeurs n'ont plus confiance dans les partis politiques qui n'ont pas su faire leurs preuves quand ils avaient le pouvoir.

J'avais dit en juin 2014 à l'actuel Président du Département de Seine-Maritime que la lutte entre François Fillon et Jean-François Copé pour la présidence de l'UNP était suicidaire et inaugurait la destruction de la droite républicaine ; que la primaire socialiste avec la bataille des "egos" et la désignation d'un candidat par défaut aboutissait à l'éclatement de la gauche démocratique. 
J'ai toujours pensé que les primaires de gauche comme de droite étaient une "connerie monumentale" empêchant aux meilleurs hommes politiques de se présenter à l'élection présidentielle. Mon analyse s'est malheureusement révélée exacte. 

Emmanuelle Macron en a profité car il n'est pas tombé dans ce piège et actuellement plus aucun homme politique ne pèse assez lourd pour le contredire efficacement. C'est lui seul qui s'est montré à la hauteur des enjeux électoraux. La gauche et la droite ont volé en éclats et c'est bien fait pour elles car elles se sont totalement décrédibilisées au fil des années.

Emmanuel Macron est-il un bien pour notre pays et pour l'Europe ? Dans le contexte actuel, je pense qu'il est le  seul homme politique européen capable de s'opposer au nationalisme, et à la tentation du repli des nations sur elles-mêmes. 

Oui, je suis un européen convaincu, même si je trouve que le système du vote à l'unanimité du Parlement de Strasbourg est une absurdité qui bloque les prises de décisions nécessaires.

De même je pense que ce fut une erreur majeure d'avoir intégrer les nations issues du communisme avec leurs économies désuètes trop rapidement pour être efficace. 

J'ai visité la Hongrie, la Slovénie et j'ai touché du doigt les différences du niveau de vie entre ces pays et l'Allemagne, l'Autriche, la France... et je fonde donc mon raisonnement sur des réalités socio-économiques.

Il fallait peut-être fédérer une Europe à deux vitesses politiques et ne pas élargir la zone euro sur le plan économique mais établir des plans d'aides permettant à ces pays de ce mettre à niveau progressivement ?

Il aurait peut-être fallu adopter une constitution Européenne avec le noyau des Nations dont les institutions politiques étaient démocratiques et dont les économies étaient voisines de l'Allemagne et de la France ?

Quand le 1er janvier 1973 ,le Royaume Uni adhéra à la Communauté économique européenne, je fus très septique sur sa participation sincère à la construction de l'Union européenne mais je fus tout autant désolé du résultat du référendum du 23 juin 2016 annonçant son divorce pour le 29 mars 2019. 

Aujourd'hui, en France, je pense qu'il faut rebâtir, via les élections municipales, cantonales, une renaissance démocratique en partant des réalités socio-économiques des territoires.

La justice sociale, le développement durable, la transition écologique, la scolarité, la formation professionnelle et même la laïcité ne peuvent réellement s'appliquer que dans un cadre d'abord local avant de devenir des valeurs nationales.

S'il y a en France un pouvoir stable, reconnu, entreprenant et dynamique, c'est bien celui des communes et des cantons au sein des départements. La politique part de cette réalité avant tout.

Et les Etats Unis d'Europe sont, sans doute, encore une utopie vers laquelle pourtant on doit tendre car elle devrait devenir une réalité demain si le nationalisme ne l'emporte pas. 

S'identifier comme citoyen européen, c'est permettre de tendre la main à un avenir qu'il faut saisir pour la paix et le développement des peuples. 

Voila, peu à peu, ce blog me permet une expression citoyenne, pour employer un mot à la mode.

lundi 4 mars 2019

TRANSPARENCE OU TYRANNIE ?

Venant de relire mes articles, je ressens comme un parfum étouffant ; serais-je un affreux réactionnaire, conservateur se voilant la face et tremblant de peur ?
  • Je me dis antiraciste, féministe, non violent, non soumis à une idéologie. 
  • Je me sens libre dans mon parcours d'homme aimant une femme libérée au chemin différent du mien. 
  • Je reconnais à toutes les personnes leurs droits mais aussi leurs devoirs.
  • Je ne suis aucunement nostalgique d'une société dans laquelle la hiérarchie était inscrite à la naissance. 
  • Je ne me sens pas coupable du passé et des choix de mes ancêtres. 
  • Je ne crois pas qu'aujourd'hui soit mieux que hier ou demain. 
  • Je me sens vraiment progressiste dans le fait que je crois en l'homme et en la femme capables de développer leur intelligence et leur liberté de penser dans leur espace de désir et de plaisir.
  • Je crois qu'ils sont appelés à la grandeur s'ils respectent le bien commun, s'ils développent une éducation intelligente de leurs enfants tendant à leur émancipation libre et responsable.
  • J'aspire à une société plus fraternelle, plus universelle, dans laquelle les êtres humains ne revendiquent plus leur sexe, leur origine, leur religion, leur identité, leur genre, leurs interdits, leur idéologie, leur savoir comme portes drapeaux de leurs intolérances.
L'universalité et la fraternité reposent sur les différences et leurs complémentarités, je les ressens tous les jours dans mon couple, dans mes engagements sociaux, dans mes modes d'expression. 
  • Oui, j'ai peur mais j'espère.
  • Oui, je crois en des valeurs héritées du passé mais toujours réadaptées au présent.
  • Oui, je réagis vigoureusement aux absurdités mais je crois en la force du progrès.

Voila ce que j'ai à dire en toute transparence et sans tyrannie intellectuelle car où est donc la vérité ?




vendredi 1 mars 2019

JEUNES ET L'INSERTION PROFESSIONNELLE


En vous faisant-part d’une expérience spécifique que j’ai pratiquée de 1982 à 2002, au sein d’un institut de rééducation habilité pour des jeunes filles de 6 à 18 ans, présentant des troubles du comportement dus souvent à de graves carences éducatives, justifiant leur placement par mesure de justice ou sociale en semi-internat, je veux témoigner d’un pragmatisme réaliste au niveau d’une jeunesse en grosse difficulté.

La finalité éducative visait, outre un retour à un équilibre de vie, une sortie de l'établissement avec un projet socioprofessionnel permettant à chaque jeune de prendre en main son avenir personnel avec la plus large autonomie possible malgré ses difficultés familiales pas toujours résolues. J'étais responsable de l'édification de ce projet de vie au sein d'une remarquable équipe psycho-éducative.

L’objectif de sortie portait sur trois axes :
  1. Dans quel endroit vais-je vivre ?
  2. Comment puis-je être accompagnée si besoin ?
  3. Comment puis-je gagner ma vie et avoir ma place dans la société?

Après un parcours de rattrapage et de consolidation scolaire jusqu’à l’âge de 14-15 ans, les jeunes étaient admises en section pré-professionnelle, de 15 à 18 ans, encadrée par une éducatrice scolaire spécialisée se chargeant de la consolidation des acquis scolaires en corrélation avec la réalité de la vie d’une jeune femme, et par un éducateur technique spécialisé (moi-même) prenant en charge toute l’éducation dite gestuelle afin d’évaluer les possibilités d’adaptation de chaque jeune fille à la vie extérieure par des mises en stages progressives en entreprises.
(L’entreprise d'accueil pouvait verser une petite gratification n’excédant pas 30% du SMIG)

La section pré-professionnelle accueillait de 12 à 18 adolescentes sur trois années scolaires.

Le sous groupe de la première année bénéficiait de 4 demi-journées de soutien scolaire personnalisé avec compris une demi-journée de cuisine, de 3 demi-journées d’atelier d’éducation gestuelle dont une de travail de sous-traitance pour une entreprise.
Après un trimestre d’adaptation, la jeune était mise en stage de contact une ou deux demi-journées dans une entreprise avec l’apprentissage des déplacements en transport en commun. (2 stages non rémunérés dans des entreprises différentes de 3 mois répartis sur le deuxième et troisième trimestres scolaires avec une convention de stage passé entre l’établissement, l’entreprise et la jeune).
Le but de ces stages de contact était une mise en confiance de la jeune permettant de renouer avec la réussite avec les questions suivantes :
  • Comment dois-je me présenter ?
  • Comment faut-il que je m’organise pour arriver à l’heure dans l’entreprise ?
  • Comment dois-je me comporter pour être acceptée par des collègues ou mon maître de stage ?
  • Travailler : qu’est ce que cela m’apporte ?

Le sous groupe de la deuxième année bénéficiait de 3 demi-journées de consolidation des acquis scolaires en corrélation à ce que chaque jeune vivait en stage et aux différents aspects de la vie sociale rencontrés.
Une demi-journée d’atelier pour optimiser le travail de sous-traitance avec tenu d’un cahier de performances et d’intéressement personnels aux bénéfices.
Trois stages d’adaptation de trois à quatre demi-journées était proposés dans différents secteurs d’activités en respectant les aptitudes et les goûts de chacune.
Généralement c’est au cours de cette année que se produisait un déclic chez la jeune qui devenait de plus en plus motivée pour réussir ses stages en prenant conscience de son réel potentiel en se posant les questions suivantes :
  • Est-ce que ce travail me plaît ?
  • Est-ce que j’ai un avenir dans cette activité ?
  • Est-ce que je réussis à bien m’intégrer dans une équipe de travail ?
  • Quels efforts dois-je fournir pour m’améliorer ?
  • Je commence à penser à mon projet de sortie  ou à une autre orientation ?

Le sous groupe de troisième année ne bénéficiait plus que de deux demi-journées de soutien scolaire personnalisé pour concrètement mettre en pratique les acquis socioculturels dans sa vie quotidienne. Quatre à cinq demi journées en trois stages d’intégration dans un secteur ciblé par la jeune permettaient d’envisager, à la fin de la prise en charge par l’établissement, une formation en alternance qualifiante, un contrat de travail limité, un contrat aidé (avec la rémunération légale en vigueur selon le type de contrat).
La jeune pouvait retourner dans sa famille si possible ou bénéficier d’une orientation en foyer de vie ou bénéficier d’une orientation spécialisée en cas de nécessité.

Cette méthode de travail a permis de répondre positivement à une grande majorité des jeunes filles quand elles étaient motivées car notre équipe avait développé un réseau assez important d’entreprises pour répondre à nos besoins de stages de contact, d’adaptation ou d’intégration. Ces entreprises jouaient le jeu et étaient véritablement nos partenaires avec pour vecteur le principe de réalité et d’exigence.

Pour la jeune avec ses huit bilans de stages acquérait une référence pré-professionnelle fondée sur une réelle expérience et pouvait valoriser positivement une recherche d’emploi ou de formation même après plusieurs années.

Ce dispositif simple, innovateur et pragmatique nous a permis de réussir un travail reconnu par tous les acteurs des services sociaux et de justice, les familles et aussi, bien évidemment, par les entreprises. 

Cette expérience est-elle généralisable ? Comment définir, dans ce cas, un cadre légal ? Qui serait porteur du dispositif d’application ? 

Je suis effectivement conscient qu’elle s’appliquait dans une structure très particulière où les partenariats étaient faciles à mettre en place. 

Cependant, son efficacité me détermine à en rendre compte à un moment d'échanges dans notre pays via le "Grand débat". 
Sur le plan financier, son coût de revient se limitait à la rémunération d'un éducateur scolaire spécialisé et d'un éducateur technique spécialisé au sein d'un établissement. A l'époque j'avais innové avec cette approche réaliste d'une jeunesse en grande difficulté et si j'en fais le bilan, je ne regrette rien et même j'en revendique l'expérience fondée sur le bon sens.

Dix sept ans après ce vécu, quand je rencontre par hasard une de mes anciennes "élèves", elle me parle de son expérience positivement et cela me conforte donc d'en rendre publique le cadre.