mardi 21 janvier 2020

Le syndicalisme en question ?

"Les Français sont des râleurs, ils manifestent, ils contestent sans arrêt"; c'est ce que me dit une amie allemande pourtant de gauche... C'est un ressenti contrebalancé par son constat éclairant :  "La France est le pays le plus social du monde. Nul part ailleurs autant d'argent n'est redistribué pour la solidarité sociale."

Cette image de notre pays est réelle car reconnue internationalement. Alors pourquoi certains français se sentent mal dans leur pays qui ne va pas si mal puisque son économie le place dans le peloton de tête ?

Que se passe-t-il donc ?

 Avec cette grève qui n'en finit pas et dont certaines fractions syndicales en se permettant des passages à l'acte illégaux, en traitant d'autres syndicalistes de "collabos", en coupant le courant électrique, en s'introduisant dans des locaux privés, en prenant en otage des centaines de milliers d'usagers des transports en commun, en bloquant les raffineries... démontrent l'état de délabrement et l'éclatement des forces supposées représenter les travailleurs.
Une certaine base radicale dépasse les leaders et franchit une ligne qui éclaire singulièrement le manque d'autorité à l'intérieur même des centrales syndicales. Ces actes démontrent l'échec flagrant des syndicats.

En France nous avons les syndicats les moins représentatifs d'Europe. Cette absence de légitimité sociale figent des positions les plus rétrogrades car fondées sur des droits acquis avant tout. 

La stratégie du conflit est si ancrée dans les réflexes que toute réforme est rejetée avant même d'en connaître le projet. La CGT en est l’archétype le plus conservateur qu'il soit. Malheureusement d'autres syndicats en perte d'adhésions deviennent aussi sectaires.


-La CGT l'orpheline de Moscou-

Pourtant il est bien loin le temps où le communisme soviétique dictait ses ordres. La CGT n'en a manifestement pas fait le deuil et on assiste aujourd'hui peut-être, espérons le, aux derniers spasmes d'une agonie programmée.

Non la France, n'est pas le pays où les gens sont les plus malheureux, ce n'est pas la société la plus injuste sur le plan social. Ce n'est pas la nation la plus répressive. Ses forces de l'ordre ne tuent pas les plus violents des extrémistes qui veulent détruire les institutions démocratiques...

Attention, mon point de vue n'est pas une négation de l'histoire des avancées sociales et du rôle positif joué par le syndicalisme. C'est une critique tout au plus.

Les corps intermédiaires jouent tant bien que mal leurs rôles mais cette grève démontre aussi l'impuissance des syndicats à dialoguer, à négocier et en fin de compte à représenter efficacement le monde des actifs et celui des laissés pour compte. 

Ce mal spécifiquement français remonte loin dans notre histoire sociale. Depuis la révolution industrielle la lutte des classes a dressé les catégories sociales les unes contre les autres et le syndicalisme français en s'inféodant à des partis politiques en paye les pots cassés aujourd'hui. La majorité des actifs ne croient plus au syndicalisme tout comme ils se méfient de la politique. La chute vertigineuse de l'influence  du Parti Communiste Français en est l'illustration.

A qui la responsabilité ?

  • Une certaine classe dirigeante fut souvent remarquable avec des patrons paternalistes avec leurs employés au moment de l'essor industriel du xix° siècle. 
  • Mais aveuglés par la course au profit, beaucoup trop de "bourgeois" se sont enfermés dans l’obscurantisme de la domination et de la peur du social. Ils ont exploité sans scrupule les petits-gens qu'ils méprisaient profondément. 
  • La classe ouvrière s'est donc naturellement révoltée et organisée avec la montée du marxisme dont elle a épousé les idées et certains protocoles d'action. 

On connaît la suite : un blocage du consensus social avec en arrière fond la culture du conflit dans un rapport de force destructeur des liens sociaux.

C'est tragique pour la synergie des entreprises mais aussi pour les vrais pauvres, les authentiques gilets jaunes des rond-points de fin 2018 qui sont abandonnés...

C'est pourquoi la CGT ne peut pas adhérer au concept du consensus; elle est coincée par son idéologie d'un autre temps et elle risque donc d'aller jusqu'à son suicide absurde mais inéluctable. Son action se traduira peut-être par des soubresauts convulsifs laissant sa base irréductible se radicaliser de plus en plus dans des processus violents.         

(21 janvier 2020)

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