vendredi 23 avril 2021

Jacques Chirac fit-il une erreur ?

Mon Service militaire en 1962, à la fin de la guerre d'Algérie, me fait réfléchir sur nos maux de notre société.



Le verdict clément de la Justice dans l'affaire des policiers agressés violement à Viry-Châtillon est un scandale humain et d'Etat. Des voyous n'ont pas hésité à mettre le feu dans des voitures où des policiers étaient en fonction, blessés leurs séquelles sont irréversibles. 

Comment avoir confiance en des magistrats qui furent pour le moins laxistes en ne cachant pas leurs convictions. Un des avocats général affirma même que ces jeunes étaient une richesse pour notre pays ! On croit rêver !

Excuser de tels passages à l'acte, c'est donner un blanc-seing aux agresseurs pour qu'ils recommencent.

Ces magistrats dévoyés, à l'idéologie déviante, ne pensent même plus qu'ils sont des serviteurs de la République française et qu'ils doivent défendre la collectivité, protéger les victimes, donner confiance dans le droit. 

Leur positionnement est ahurissant dépasse toute compréhension démocratique.



Que penser aussi du jugement dans l'affaire Sarah Halimi, cette vieille dame de confession juive torturée et tuée dans des conditions atroces par un drogué anti sémique ? 

La cour de cassation a exonéré ce criminel de toute responsabilité parce que son jugement était altéré par la drogue ! 

Alors cela me renvoie au temps de mon service militaire où simple troufion, j'accomplis mes classes pendant 3 mois dans une compagnie au 43° régiment d'infanterie à Lille dans la forteresse de Vauban. Je ne suis pas un militariste inconditionnel mais cette tranche de vie m'apporta un éclairage social qui me rendit indépendant vis-à-vis de mes parents enfermés dans leur conditionnement hérité de leur famille bien pensante.



Des hommes de toutes conditions sociales, de niveaux intellectuels disparates, de métiers multiples étaient réunis dans la même compagnie, soumis à la même discipline, aux mêmes entraînements, aux mêmes corvées, aux mêmes missions... 

Les inégalités étaient criantes, allant du séminariste, à l'instituteur, du maçon, au mécanicien, du barman au cultivateur, du musicien au peintre en bâtiment, du technicien au sportif, du délinquant du coiffeur à l'épicier, il y avait même un analphabète et tout ce petit monde devait vivre ensemble sous la même autorité et avec les mêmes rites.





Ce puzzle représentatif de notre société me fait encore réfléchir aujourd'hui. Jacques Chirac ne fit-il pas une erreur sociale majeure en supprimant le service militaire ?

Je me souviens que le miracle s'était opéré car venant de tous ces horizons nous fumes contraints de nous entendre et de collaborer pour réussir les défis que nous lançaient nos instructeurs. Les soldats parvenaient à  se côtoyer et même à devenir solidaires pour vivre ensemble. Comment cette unité était-elle possible ?

Et c'est en se posant cette question tout simplement que le manque apparaît dans notre société d'aujourd'hui.

Nos dirigeants politiques rabâchent que nous devons "vivre ensemble", accepter nos différences,  faire de belles choses dans notre patrie !

Mais autour de nous la haine, les dogmes puent la violence et la mort.

Alors vivre ensemble ne devient qu'un slogan creux. Jacques Chirac en supprimant le ciment social que représentait le Service National en porte une part de responsabilité. Pour vivre "ensemble" il faut faire des choses "ensemble" pour qu'elles aient "un sens social. *

C'est ce que permettait le service militaire en éveillant la citoyenneté.

Vous allez me dire que je mélange tout dans ce billet d'humeur. Vous avez raison mais rien n'est simple, tout s'imbrique dans le tissu de la trame des interactions sociales.

Je me souviens aussi de la transformation de mon fils quand il fit son Service militaire au 517° régiment du train à Vernon en 1996-1997. Il fut incorporé avec une sensibilité antimilitariste bien affirmée et une impression de perdre son temps. 

Alors que je le prenais en photo en uniforme, le colonel de son régiment est venu me voir après le défilé du 14 juillet et, à ma grande surprise, me félicita d'avoir "un aussi bon élément comme fils" : "Il est très sérieux et nous apporte beaucoup en tant que logisticien : nous pouvons compter sur lui. Il faudrait beaucoup de jeunes comme lui !"  

-Photo Internet-


Son régiment participa, en renforts des marins-pompiers, à la lutte contre l'incendie géant de Vitrolles prés de Marseille qui menaçait très dangereusement la ville. 

Très impressionné par cette catastrophe, il en revint transformé. Il avait compris qu'il pouvait tirer profit du brassage social d'une part, et de cette expérience de la discipline en service commandé d'autre part. Il était devenu adulte et n'avait pas perdu son temps !

* Note : En 1997, le président de la République française, Jacques Chirac, prend la décision de professionnaliser les armées et de suspendre le service national. En 2002, la conscription est arrêtée au profit d'un « parcours citoyen » pour les jeunes, hommes et femmes, à partir de leur seizième anniversaire.



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