jeudi 13 mai 2021

LA LITTERATURE ET MON INTIMITE


 Lire environ 30 ouvrages par an et une revue par semaine ne me place ni dans les grands dévoreurs de publications, ni dans les indifférents à la littérature mais la vue baissante j'ai de plus en plus de mal à lire longtemps et cela engendre une frustration car je ne peux pas me passer du plaisir de plonger dans l'imaginaire des auteurs, des journalistes ou des chroniqueurs. 

Bien sûr cette soif de lectures influence ma façon de penser, induit mes réactions face aux affaires du monde, pousse à l'analyse politique et me conduit à des synthèses sociales. Avec la littérature le citoyen s'éveille et devient plus attentif à la chose publique et aux mutations de la société.

Un bon livre n'est pas écrit à l'eau de rose et se mêlent souvent de ce qui est inavouable pour le politiquement correct que j'affiche.

J'aime qu'un livre soit charnel et qu'il fasse de moi un affreux voyeur, qu'il révèle la face obscure de ma personnalité. Sans fantasme et sans interdit les pages imprimées ne m'intéressent pas.

Je ne cherche surtout pas de leçons de bonne conduite dans un livre mais au contraire ce que mon savoir vivre, ce que ma bonne éducation voudraient recouvrir d'un voile pour cacher ce qu'il y a  d'infame en moi. Je ne suis pas outrancier car je connais mes côtés excessifs, non objectifs et agressifs. Le gentil garçon est un leurre qui trompe son monde... Mais rassurez-vous, car chez vous aussi les zones d'ombres existent et cela fait partie de l'humaine condition.

J'aime un bon roman, un essai politique, une chronique, une réflexion philosophique, un reportage événementiel, une bonne BD, une autobiographie, un livre d'art illustré.

l'important c'est de regretter d'être arrivé à la dernière page. 

Je déteste lire un livre sur le Web, il me faut sentir le poids et l'odeur du papier, avoir le plaisir sensuel de tourner les pages et d'avoir cette sensation très intime de devenir un personnage vivant dans l'univers imaginé par l'auteur. Je préfère ainsi un livre mille fois à un film.

Un sportif a besoin de règles pour canaliser sa violence en pratiquant sa discipline. 

On en vient donc toujours au nœud de l'humanité : les exutoires pour vivre en société. L'homme cherche des moyens intellectuels, corporels  ou techniques pour réguler ses forces de rivalité, de violence et de créativité. 

Je pense que l'art joue ce rôle. La bonne littérature est une expression artistique et entre donc en jeu dans le symbolisme qui nous hisse au sommet des espèces vivantes, sensibles et intelligentes.

Je me suis toujours engagé, j'ai d'ailleurs trouvé plus intéressant d'exercer une autorité qu'un pouvoir;  mais aujourd'hui l'heure des bilans de fin de vie me force d'admettre que le politiquement correct que j'ai pratiqué a entravé ma liberté d'expression. 

Ce politiquement correct  devient actuellement absurde avec ses excès : ne pas froisser une minorité marginale, passer à la télévision des publicités mettant en scène des homosexuels  comme si c'était la normalité généralisée par exemples. Être tolérant ne veut pas dire qu'on admette le recul des normes sans limite. 

Je suis tolérant et pour la liberté de vivre selon ses choix intimes mais la normalité n'est pas dans les mouvements minoritaires, elle est dans les différences vécues entre les hommes et les femmes et leurs mystérieuses relations amoureuses. 

La mission de la littérature n'est pas d'élever ma conscience, de me montrer le chemin vers un idéal, de me rendre heureux, de réparer mes blessures... elle est de me faire rêver à l'inaccessible, de me confronter au mystère de l'amour.

Pouvoir m'exprimer par écrit est un privilège intellectuel inouï qu'Internet rend possible au risque de me tromper, de me salir les mains, d'être injuste et méchant.

Je ne suis pas naïf : je ne serai jamais publié par un éditeur. J'ai écrit un livre édité à 2500 exemplaires, j'en connais le coût, les limites, les exigences et Internet me suffit avec des blogs.


J'aime lire pour aller à la pêche des idées et me les accaparer,  j'aime écrire et donner l'illusion de ce que je ne suis pas... L'imaginaire est mon oxygène et ma bibliothèque mon trésor de libertés.



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